Jabès, dit Bimbo, vient de rejoindre Vian, dit Bobo...

L'histoire est extraordinaire : deux hommes se rencontrent en 1939 à l'Ecole Centrale. L'un est très grand, filiforme, trompette de jazz à ses temps perdus, très à l'aise dans la vie et rêve de faire voler ses modèles réduits qui n'existent pas encore. L'autre est petit, drôle, roulant des "r" quand il parle et voulant voler de ses propres ailes... A Centrale, ils chahutent avec les copains « Pitou » et « Zizi », conçoivent le fameux Livre d'or, trombinoscope où tous les élèves de la promo paraissent "à poil", s'entraident côté "planches" (devoirs) et se retrouvent dans leurs "hurnes" (chambres) pour faire la foire malgré les canons qui grondent...
Puis il y a les dimanches à Ville d'Avray pour mettre au point leur "Afrrrrrreux", avion idéal pour les longs courriers avec bar et cinéma et jouer à la Batlle Turno ou encore tourner des petits courts métrages sur des scénarios collectifs avec une Pathé Baby...
En 1942, Jabès a fait des photos du mariage de son ami et de sa femme, Michèlle. Les temps changent et l'ami Jabès va être rappelé à ses origines... Il quitte, forcé, l'Ecole Centrale; les copains sont fâchés et en ont "gros sur la patate", mais c'est la guerre. Fort heureusement « Bimbo » revient et à l'occasion d'une soirée va parler à son ami d'homme à homme, une bouteille d'alcool entre eux pour faire passer la pilule.  Car « Bimbo » en a vu entre la traversée de la France, de l'Italie et de l'Egypte... et c'est terrible. Si terrible que Boris a du mal à l'imaginer mais va tout de même l'intégrer et nous livrer plus tard son horreur de la guerre...
Fort heureusement, « Bimbo » retrouvera « Bobo » et il continueront sur les mêmes modes : lisez la page 77 de L'Automne à Pékin et vous y découvrirez le Ping 903 qui existe vraiment et qui est entièrement conçu par « Bimbo », plutôt fier de sa trouvaille en matière de moteur autonome. Mais quel bruit et il manque de casser une bonne partie des choses dans l'appartement de Michelle et Boris ! Ils rigolent les garnements, rien ne les arrêtent... Boris est tellement séduit qu'il souhaitera intégrer cette aventure dans son livre en cours.
Presque 80 ans d'amitié... et même si « Bobo » ne jouait plus avec « Bimbo », il était toujours là et « Bimbo » à continuer de rêver à voler, toujours et encore en nous expliquant ses découvertes et ses souvenirs avec son accent inoubliable, ses sourires, ses yeux émerveillés et merveilleux.
On te dit Au revoir cher Alfred et amusez-vous bien là-haut !
Nicole Bertolt

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